vendredi 19 juin 2009

Déclaration commune des diffuseurs libertaires à Montréal

Le 27 octobre, 2003

MONTRÉAL — Cette déclaration est faite dans un souci de clarification et de mise au point sur la situation conflictuelle qui prévaut présentement dans le projet communément appelé : « l'AEELI » (Association des espèces d'espaces libres et imaginaires), « l'OSBL » (Organisme sans but lucratif) — impliquant également l’organisme LIBRAIRIE ALTERNATIVE / ALTERNATIVE BOOKSHOP — ainsi que plus généralement sur la diffusion anarchiste et libertaire à Montréal.

Les collectifs, organisations et individus-e-s signataires de cette déclaration sont toutes et tous actifs et actives au niveau de la diffusion anarchiste et libertaire à Montréal et ont participé à l'assemblée du 5 août 2003 réunissant environ 80 personnes. C'est du bilan que nous en tirons que découle la présente mise au point.

BREF SURVOL DE LA SITUATION

Depuis la fin des années '80, il n'existe plus qu'une librairie se réclamant de l'anarchisme à Montréal, là où on compte pourtant aujourd'hui, une présence anarchiste et libertaire relativement significative dans les luttes sociales. Cette librairie (Alternative Bookshop, située au 2035, boul. St-Laurent) doit essentiellement son existence et sa survie à un autre projet qui se voulait collectif à ses débuts, l'organisme sans but lucratif de l'AEELI, qui a été mis en place en 1982 grâce à un don privé important ainsi qu'à d'autres contributions financières moins élevées ; son but premier était de fournir un lieu de diffusion permanent pour les anarchistes de Montréal. Cela via l'achat d'un immeuble au centre-ville, devant s'autofinancer par les revenus d’espaces locatifs
permettant de fournir gratuitement un local à une librairie anarchiste.

Pour résumer rapidement un long parcours chaotique, disons que jamais cette bâtisse ne fût réellement collectivisée par l'ensemble des groupes et individus-e-s libertaires agissant à Montréal. En 1987, des gens venant du défunt Café commun/commune se sont joints au projet ; c'était le début d'une faction qui, au fil des ans, allait noyauter le projet. Au bord du gouffre financier en 1995, un donateur anonyme (!) a consenti à remettre sur pied financièrement ce projet moyennant l’exclusion des membres de l'OSBL ne faisant pas partie du collectif de la librairie, en vue de la constitution d’un nouvel OSBL qui serait composé uniquement de membres de la librairie.

À partir de cette tentative échouée de privatisation dans les faits, ces deux projets ont perduré avec des hauts et des bas mais avec une constance dans l'absence de réelle ouverture vers l'extérieur : depuis 1997, l'OSBL est (mal) géré par deux personnes qui procèdent allègrement à cette privatisation : pas de tenue d'assemblées ; un C.A. perpétuel et autoproclamé ; toute prise de décision et toute gestion centralisées par eux ; disparition des archives et documents administratifs ; marginalisation des anarchistes francophones et montréalais-e-s (de tendances plus radicales que la tendance gauchisante qui domine dans ce milieu ; des camarades ont été soit refusé-e-s, découragé-e-s au point de quitter, ou expulsé-e-s).

En juillet 2003, malgré le fait que certains-e-s membres ont manifesté une volonté de changement en faisant passer la librairie de l'étage au rez-de-chaussée, il n'en demeure pas moins que la librairie est restée sous la férule des dinosaures de l'OSBL et a continué à se caractériser par l'insignifiance de son fonds libraire. C'est dans ce contexte que nous avons essayé de revitaliser ce projet initialement collectif.

POURQUOI AUJOURD'HUI ?

Depuis quelque temps des collectifs et des individus-e-s constatant cette situation d’indigence de contenu, particulièrement flagrante lors des salons du livre anarchiste, ont décidé de leur propre chef de relancer ce projet dans le sens voulu par ses fondateurs et ainsi améliorer la diffusion en général. Certain-e-s d'entre nous ayant été approché-e-s par de nouveaux membres de la Librairie Alternative se disant désolé-e-s de la situation de fermeture du projet et affirmant vouloir dépasser la situation actuelle, dès le printemps 2003 des réunion publiques s'en suivirent pour en arriver après maintes péripéties à la convocation d'une assemblée de l'OSBL pour le 5 août. Nous avons donc à cette occasion rédigé une proposition commune que toutes les personnes intéressées ont pu se procurer avant l'assemblée.

L'ASSEMBLÉE DU 5 AOÛT

Pour dissiper immédiatement toute ambiguïté, nous affirmons être arrivés à cette assemblée (convoquée par la majorité des neufs membres, et en dépit des deux membres mentionnés ci-dessus) avec le souci premier de participer, avec toute les personnes présentes, à un renouveau de la diffusion anarchiste à Montréal. Mais il ne fût jamais possible de discuter de notre proposition commune (déposée par écrit) suite au blocage immédiat de 4 membres dits officiels de l'OSBL. Cette arrière-garde armée de leurs règlements généraux (en deux exemplaires) a usé de procédures pour empêcher que cette assemblée ne devienne décisionnelle selon la proposition des 5 autres membres « légaux » de l'OSBL. En effet, sur les seize point d'ordres, treize ont été invoqués par un des deux dinosaures en question. Face à cette attitude de fermeture et de mépris de la démocratie directe, ces cinq membres ont recouru en désespoir de cause à une motion d'exclusion des défenseurs du statu quo pour permettre le passage à une assemblée décisionnelle. Cette bouffonnerie bureaucratique et procédurale à laquelle nous avons dû nous prêter dégénéra alors en une confusion générale. Nous nous sommes retirés après un vote indicatif demandé par une présidence bicéphale dépassée par les événements, et qui a rejeté à 36 contre 28 voix la procédure d'exclusion niant donc, de ce fait, la possibilité de tenir une assemblée souveraine.

Pour clore ce pénible épisode, constatons qu'arrivé-e-s avec un esprit de dialogue nous nous sommes retrouvé-e-s face à un regroupement monolithique de personnes visiblement ameutées, dans un esprit d'affrontement, par la minorité du statu quo. En refusant d’assumer les pleins pouvoirs d’une assemblée souveraine et d’agir en individu-e-s libres et autonomes, l'ensemble de ces partisan-e-s a manifesté une attitude aliénante et à la limite du repli identitaire, bloc sans faille et sans voix dissidentes. Que les positions exprimées aient suivi une ligne de fracture linguistique aussi nette nous semble en effet d’autant plus remarquable que le ton
employé par nos voisin-e-s d’en face (à 90% anglophones) affichait une condescendance qui n’était pas sans évoquer chez plusieurs d’entre nous le vieux mépris d’une époque révolue. Certains devront donc comprendre que nous combattons le nationalisme depuis assez longtemps pour ne pas laisser des relents de colonialisme empoisonner des rencontres libertaires, même conflictuelles comme lors de la dernière assemblée.

ET MAINTENANT

Cette assemblée a donc consommé une rupture déjà latente entre ceux et celles qui se considèrent comme les propriétaires d'un projet collectif qui va à la dérive sous leur direction et ceux et celles qui veulent collectiviser ce projet pour assurer une meilleure diffusion anarchiste et libertaire à Montréal. Plus généralement nous constatons qu'au delà de cet épisode, deux conceptions différentes de la diffusion anarchiste se confrontent : une diffusion désincarnée de l'usage qu'on peut faire des textes que nous diffusons, déconnectée des luttes sociales où s'incarnent ces textes ; et notre conception (malgré nos différences) d'une diffusion en prise avec les luttes sociales, qui cherche l'usage radical de ces textes à travers nos pratiques. Voilà une différence de base qu'un spoliateur est bien incapable de comprendre...

Passons maintenant à nos projets. Nous appuyons les efforts — parmi la dissidence majoritaire dans l'OSBL, et parmi certain-e-s d'entre nous — pour la collectivisation du « shame building » de la rue St-Laurent. Quant à Alternative Bookshop, son collectif, ses partisan-e-s, il va sans dire que leur adhésion aveugle à l’argumentaire de leurs petits chefs, fondée sur le respect des chartes, des statuts et règlements, d’une « démocratie formelle » taillée sur un pattern d’État, et allant à l’encontre de la souveraineté de l’assemblée, pose de sérieuses questions sur leurs convictions anarchistes et leur capacité de diffuser ces idées et ces pratiques. Toutes ces raisons nous incitent à retirer tout notre matériel de diffusion de cette librairie pseudo-anarchiste.

SURVEILLEZ LE KIOSQUE LIBERTAIRE

De façon plus positive, nous allons essayer de regrouper notre matériel de diffusion pour des activités communes. Maintenant pour trouver de la « littérature » anarchiste à Montréal on ira chez des anarchistes ! Déjà un grand pas.

Surveillez les lancements de nos journaux, les conférences, etc., la présence de notre kiosque y sera assurée collectivement par les groupes et individus-e-s signataires de cette déclaration. Ce kiosque pourrait constituer l'embryon d'une future librairie digne de nos idées.


Vive l'anarchie !

diffuseurslibertaires@yahoo.ca


Nous appuyons cette déclaration commune :
Journal Le Trouble, letrouble@yahoo.fr
La Mauvaise Herbe, zine éco-liértaire, mauvaiseherbe@altern.org
Journal La Fronde/ Association Syndicale Étudiante, lafronde@altern.org
La Sociale / Centre de diffusion libertaire, asociale@colba.net
Groupe Anarchiste Bête Noire membre local de NEFAC, mtl@nefac.net
Diffusion Maikan sablonneuse@hotmail.com

Adresse postale :
Diffuseurs libertaires
A/S C.P.266, Succ. «C»,
Montréal, Québec
Canada H2L 4K1

ATTENTION :
Kiosque Libertaire
samedi 22 novembre 2003
de midi à 18 heures.
Au Café CHAOS 2035 St-Denis

Les groupes signataires tiendront des tables de diffusion
Livres, revues, brochures, journaux libertaires.
Le seul endroit à Montréal où se procurer ces textes.

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